L’idée de créer cette association est née de plusieurs constatations faites au gré d’un cheminement personnel dans ce monde obscur qu’est l’édition mais aussi du « désespoir » exprimé par des auteurs rencontrés au cours de salons.
Personnellement j’ai peu sollicité les grandes maisons d’édition, et celles-ci m’ont toujours répondu par un courrier poli qui me signifiait que mon manuscrit était très intéressant mais que : il arrivait alors que les programmations étaient bouclées, ou bien qu’il ne correspondait pas à la ligne éditoriale de la maison, ou qu’il était trop… ou pas assez…, qu’il fallait modifier le personnage principal pour lui donner plus de… ou moins de…
Bref cela n’allait jamais, c’était une déception, mais au moins j’avais une réponse, même si on ne m’a jamais restitué mon manuscrit malgré l’envoi d’enveloppes adressées et timbrées au poids voulu…
Mais en parlant avec d’autres auteurs, je me suis aperçu que la plupart du temps on ne leur avait même pas signifié le refus de leur manuscrit, pas même un mail automatique. Et si l’on considère l’importance que représente ce premier pas, d’envoyer son texte pour le soumettre à l’approbation d’un tiers, la dépense aussi (les auteurs ne sont pas tous riches) et l’angoisse de l’attente, vaine, je me suis dit que ce monde-là était bien privé d’empathie…
Ensuite, un an après la publication de mon premier roman, j’ai reçu ce que l’on appelle la reddition, un document peu lisible qui annonce le nombre de ventes effectuées, ainsi qu’un chèque correspondant aux droits d’auteurs que je percevais sur ces ventes. Comme je n’y connaissais rien, je me suis contentée de dire « chouette ! j’ai vendu quelques livres ». Puis, la deuxième année, nouvelle reddition, encore moins lisible que la précédente, mais avec une différence qui m’a fait réagir : lors d’un salon, j’avais vendu plusieurs livres sous le couvert d’un magasin qui se chargeait de l’encaissement et ces livres n’apparaissaient pas sur la reddition. Le magasin que j’ai sollicité m’a confirmé avoir versé le taux convenu à mon éditeur… De plus, des amis avaient acheté mon livre à l’étranger, et ces livres n’apparaissaient pas non plus sur la reddition. Donc pas de droits d’auteurs sur ces ventes effectuées. Et, après renseignements pris auprès de l’éditeur, aucun moyen de contrôle possible.
J’ai donc fait des recherches pour essayer de comprendre et le fruit de mes recherches m’a convaincue de mettre fin à la relation avec mon éditeur. Mais le flou artistique qui règne sur les redditions ne s’est pas dissipé pour autant.
Et enfin, au fil de mes recherches je suis tombée sur les statistiques du pilonnage. Ce terme d’une laideur sans nom résume « la Terreur » qui régit l’industrie du livre : chaque année, des tonnes de livres invendus (plus de 25 000 tonnes) sont détruites, tout simplement. Cela représente 100 millions de livres, nos livres, qui disparaissent purement et simplement.
Effarée par ce gaspillage injustifié et, je dois le dire, blessée par cette sauvagerie irrespectueuse envers ces ouvrages (j’imaginais mes pauvres livres invendus passés au pilon), j’ai fait des recherches afin de trouver des solutions.
Nous sommes plusieurs, nombreux, à nous poser des questions souvent sans réponses, à aimer vraiment écrire et à y passer des heures et des heures en donnant le meilleur de nous-mêmes ; et comme l’union fait la force…
Par Constance Lamartine, 14 juillet 2025